Lorsque l’on se fait craquer tout seul dans la nuit ou en faisant un mouvement dans la journée, cela a t-il le même effet que l’ostéopathe lorsqu’il vous manipule ?
Pour répondre à cette interrogation, il faut revenir sur le mécanisme du craquement…
Le craquement est un bruit qui apparaît lors d’une dépression se faisant au niveau d’une articulation. Mais qu’est ce qu’une dépression dans une articulation ?
Pour reprendre depuis le début et en schématisant, une articulation correspond à la jonction de deux segments osseux dont la fonction comme chacun sait est de permettre le mouvement de ces segments. Nous allons prendre l’exemple de votre deuxième doigt de la main, votre index.
Si l’on considère l’articulation inter-phalangienne proximale, c’est à dire la jonction entre la première phalange et la seconde. Nous sommes en présence d’une articulation assez simple que l’on nomme « bi-condylaire », mais ne rentrons pas trop dans les détails techniques de description anatomique.
Concrètement deux os sur lesquels vont se trouver au niveau de leurs extrémités qui vont former l’articulation inter-phalangienne, du cartilage. Ce cartilage est une structure épaisse et très lisse qui vient encrouter les extrémités qui vont former des articulations. Le rôle de ce cartilage est de protéger l’os sous-jacent en réalisant des glissements dont les frottements sont quasi nuls (chez un sujet jeune). Pour que ces glissements s’effectuent avec le moins de frottements possible la présence du liquide synovial est indispensable, ce dernier permet d’une le glissement comme si l’on avait mis de l’huile dans un mécanisme et également c’est lui qui nourri le cartilage par phénomène d’imbibition.
Ce liquide synovial va rester dans l’articulation grâce à une structure capsulaire, sorte de membrane assez résistante qui fait le tour de l’articulation en s’insérant sur le pourtour des extrémités de ces deux phalanges. Ainsi cette capsule délimite une cavité fermée où le liquide ne peut s’en échapper. Pour information, ce système capsulaire a aussi surtout pour rôle le maintient de l’articulation avec d’autres structures bien connues et qui sont seulement des épaississements de cette capsule, les ligaments.
Une dernière chose à savoir le cartilage est pour ainsi dire microscopiquement poreux c’est grâce à cette particularité qu’il est nourri par capillarité grâce au liquide synovial.
Pour rentrer un peu plus dans le phénomène de mise en place du craquement et donc obtenir ce phénomène de dépression, il faut en premier qu’il se crée dans l’articulation une compression de deux surfaces cartilagineuses l’une contre l’autre. Cette compression des deux surfaces articulaires va réaliser un refoulement du liquide synovial vers les autres endroits de l’articulation comme notamment les culs de sacs synoviaux qui sont des replis de la membrane synoviale (couche interne de la capsule).
Ainsi, nous avons alors les deux surfaces articulaires en contact, lequel contact va créer un vide, ou dépression comparé à la pression environnante formée par le liquide synovial refoulé sur les bords des cartilages.
Il s’agit ensuite du même mécanisme de bruit que vous pouvez réaliser chez vous lorsque vous êtes pieds nus dans votre baignoire debout…Vos pieds sont secs, la surface de la baignoire est sèche et forcément puisque vous êtes debout, vos deux pieds sont en contact.
Il ne vous reste plus qu’à ne plus bouger les pieds, ouvrir l’eau et la laisser couler tout autour de votre pied et vous avez mis en place les conditions propices à la réalisation d’un bruit similaire à une articulation lorsqu’elle craque.
Pour enfin obtenir le bruit, vous l’avez déjà tous fait chez vous, vous retirer le pied assez franchement et vous obtenez votre bruit !
Maintenant que nous savons comment apparaît un craquement articulaire, nous allons pouvoir répondre à la question posée précédemment. Le craquement de la manipulation chez l’ostéopathe est-il la même chose que celui réalisé tout seul la nuit ou lorsque l’on fait un faux mouvement ?
Physiquement la réponse est oui, car le mécanisme de bruit reste le même.
Cependant, les effets sont rarement les mêmes.
En effet, nous pouvons comprendre maintenant que toutes les articulations du corps (400 dans le corps humain) peuvent faire ce bruit articulaire. Donc chacun peut arriver à se faire craquer une ou plusieurs articulations. Cependant la différence entre votre propre manipulation et celle réalisée par un ostéopathe n’a pas la même précision.
En effet, l’ostéopathe va pouvoir déterminer extrêmement précisément quel niveau a perdu de sa mobilité. Et c’est ce niveau là précisément qu’il faut libérer. Lorsque l’on essaie de se faire craquer ou lorsque que l’on se fait craquer sans le faire volontairement en bougeant la nuit, les articulations qui ont « craqué » ont peu de chances d’être les bonnes qui devaient être corrigées. D’autant plus que celles qui sont à corriger la plupart du temps ont une réel restriction de mobilité et donc nécessitent une force localisée non négligeable. Cela ne veut absolument pas dire que l’ostéopathe doit forcer pour faire la manipulation, mais que la pression exercée doit être très précise et focalisée pour que le bon niveau se libère.
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